Résumés des communications > De La Gorce - Luther et la satire de langue française

1 - Mathieu de La Gorce (MCF, Université Paris Ouest-Nanterre, Littérature française du XVIe siècle)

Luther et la satire de langue française


De son vivant, Luther fut un déclencheur, du point de vue des idées bien entendu, mais aussi du point de vue des formes. On lui prête l’invention de plusieurs vocables ; il joua un rôle de premier plan dans l’unification de la langue allemande, et l’on considère souvent que le ton volontiers ironique - voire gouailleur - de ses écrits polémiques en latin ou en allemand a influencé les discours satiriques de tout le siècle. Par ailleurs, la figure même de Luther fut un sujet central dans les écrits polémiques de langue allemande, pro et contra, des années 1520-1525.
Nous nous demanderons dans quelle mesure et sous quelles formes cette double influence a pu se transmettre dans les écrits satiriques de langue française. À côté de l’influence érasmienne, des procédés calviniens et des emprunts rabelaisiens, quelle est la place occupée par Luther ? Quel statut donner par exemple aux nombreuses interférences qui existent entre l’ironique traité De la papauté de Rome de 1520 et l’argumentaire facétieux de Marnix de Sainte-Aldegonde dans son Tableau des différends de la religion, publié à la fin du siècle ? On s’interrogera également sur l’utilisation de la figure de Luther. Ainsi, une gravure représente la pluralité des sectes réformées sous la forme d’une hydre dont la principale tête est celle du réformateur de Wittenberg (Luther als Siebenkopf, 1529) ; sous une forme plus ambiguë, le personnage mis en scène par Marnix se moque des « dévoyés » divisés en « vrais Lutheriens, en Demilutheriens, Antilutheriens, Lutherosandriens, Lutherozwingliens » (Tableau, I, 73). On pourra s’interroger sur la circulation d’un tel motif, de la satire protestante à la satire catholique, en France et dans les pays voisins de langue française.

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