Résumés des communications > Wierciochin - Cœur/conscience/âme/personne : les pierres angulaires de l’éthique luthérienne et leur rôle dans la construction de la notion de tolérance religieuse

11- Gregor Wierciochin (Docteur Université du Maine, Littérature française du XVIe siècle/Histoire de la Réforme)

Cœur/conscience/âme/personne – les pierres angulaires de l’éthique luthérienne et leur rôle dans la construction de la notion de tolérance religieuse


La notion de conscience, et surtout son acception « moderne », individualiste et personnelle, prend naissance dans la théologie chrétienne. L’ontologie de la conscience avait déjà constitué un sujet central pour les penseurs chrétiens depuis les temps patristiques, avant de devenir le thème principal de la Réforme. L’appropriation de la notion de conscience par les Réformateurs ne se fait cependant pas sans changement sémantique profond. À quoi s’ajoute le fait que, pour les Réformateurs, « la conscience » constitue tout un paradigme dont les lexèmes sont assez variés parce qu’ils sont empreints d'un contenu sémantique et historique, mais aussi « psychologique » divers. Ainsi, nous trouvons, dans les textes confessionnels du XVIe siècle, différents mots à peu près synonymes de « conscience » dont l’usage ne correspond plus à leurs significations modernes. Chez Luther, et plus tard chez ses héritiers spirituels Brenz (dans le Württemberg) et Castellion (dans l’espace suisse et francophone), la « conscience » peut être synonyme de « coeur », mais aussi de « raison » ou de « volonté ». En plus, des lexèmes voisins, comme par exemple, « âme » ou « personne » s’ajoutent, ce qui complique l’élaboration d’une « théologie de la conscience » mise au service d’une idée de tolérance religieuse très problématique. Cette nouvelle théologie de Luther et ses pierres angulaires lexicales constituent un des éléments exportés les plus pertinents et les plus efficaces de la Réforme luthérienne en France et au-delà. Le Réformateur, qui dresse la conscience en règle de vérité individuelle et finalement en justification principale de la nouvelle confession à partir de 1521, n’est cependant qu’au début d’une évolution qui amènera à faire évoluer profondément cette notion, entraînant par contre-coup un changement dans la conception de l’être humain entre moyen âge et modernité.

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